Des chercheurs viennent de révéler une découverte majeure : les composés colorés présents dans les fruits pourraient contrer les dommages causés par les microplastiques sur le système reproducteur. Une étude récente publiée dans le Journal of Pharmaceutical Analysis met en lumière le rôle clé des anthocyanes, ces pigments naturels qui donnent leurs teintes vibrantes aux myrtilles, raisins ou choux rouges, dans la protection contre les perturbateurs endocriniens liés à la pollution plastique.
Microplastiques : une menace invisible pour la fertilité
Les microplastiques, ces particules inférieures à 5 mm, ont infiltré tous les écosystèmes et nos corps. Présents dans l’eau, l’air et la chaîne alimentaire, ils libèrent des substances chimiques telles que les phtalates ou le bisphénol A, connus pour altérer les hormones sexuelles. Chez l’homme, ils réduisent la qualité du sperme et perturbent la production de testostérone. Chez la femme, ils s’accumulent dans les tissus ovariens et placentaires, menaçant le développement fœtal. « Leur accumulation dans l’organisme soulève des inquiétudes majeures pour la santé reproductive », alertent les auteurs de l’étude.
Le pouvoir insoupçonné des fruits colorés
Face à ce constat, les scientifiques se tournent vers les solutions naturelles. Les anthocyanes, une famille d’antioxydants abondants dans les végétaux rouges, violets et bleus, se démarquent comme des alliés précieux. Ces molécules neutralisent non seulement le stress oxydatif provoqué par les plastiques, mais interagissent aussi avec les récepteurs hormonaux. « Leur modulation des récepteurs aux œstrogènes et aux androgènes pourrait rétablir l’équilibre hormonal », explique le rapport.
Des expériences sur des souris exposées aux microplastiques montrent des résultats prometteurs : un traitement à base de cyanidine-3-glucoside (C3G), un anthocyane majoritaire dans les myrtilles, a amélioré la mobilité des spermatozoïdes de 30 % et réduit les lésions testiculaires. Chez les femelles, ces composés ont protégé les follicules ovariens et normalisé les taux d’œstrogènes.

Quels aliments privilégier ?
Pour tirer profit de ces effets, voici les sources les plus riches en anthocyanes :
- Baies foncées : myrtilles (15 mg/g), mûres, cassis
- Raisins noirs : surtout les variétés à peau épaisse ;
- Cerises griottes : jusqu’à 45 mg pour 100 g ;
- Chou rouge : 25 mg par portion cuite.
- Aubergine : concentrée dans sa peau violette.
Une consommation quotidienne de 50 à 200 g de ces aliments suffirait à activer les mécanismes protecteurs, selon les estimations des chercheurs.
Comment agissent ces pigments ?
Les microplastiques déclenchent une cascade de réactions néfastes : inflammation, production de radicaux libres, perturbation des gènes régulateurs des hormones. Les anthocyanes interviennent à trois niveaux clés :
- Bouclier antioxydant : ils piègent les radicaux libres avant qu’ils n’endommagent l’ADN des cellules reproductrices ;
- Régulateurs hormonaux : leur structure moléculaire similaire aux œstrogènes leur permet de se lier aux récepteurs et de bloquer l’action des perturbateurs endocriniens.
- Détoxifiants : ils stimulent l’élimination des particules plastiques via le foie et les intestins.
« Ces composés activent des voies de signalisation cellulaires comme la protéine Nrf2, essentielle pour la défense antioxydante », précise l’étude. Une analyse moléculaire a révélé que la cyanidine-3-glucoside se fixe spécifiquement aux récepteurs ERβ, impliqués dans la santé ovarienne et testiculaire.
Des habitudes concrètes au quotidien
Intégrer ces aliments dans son alimentation quotidienne ne nécessite pas de changement radical. Voici trois habitudes simples :
- Petit-déjeuner : yaourt nature + 50 g de myrtilles congelées (même cuites, elles conservent 80 % de leurs anthocyanes)
- Repas principaux : ajouter du chou rouge fermenté (la choucroute préserve mieux les pigments que la cuisson) ;
- En-cas : une poignée de noix et raisins secs violets.
Attention cependant à la préparation : les anthocyanes sont hydrosolubles et sensibles à la lumière. Préférez les cuissons courtes à la vapeur et stockez les aliments dans des contenants opaques.
Vers des compléments alimentaires ciblés ?
Si l’alimentation reste la source privilégiée, l’industrie pharmaceutique s’intéresse à ces molécules. Des essais cliniques testent actuellement des extraits standardisés de cassis contre l’infertilité masculine. « Nos résultats suggèrent qu’une supplémentation de 50 mg/jour de C3G pourrait contrebalancer l’exposition moyenne aux microplastiques », avancent les chercheurs.
Cependant, les experts mettent en garde contre les surdoses : à haute dose, certains anthocyanes pourraient interférer avec des médicaments anticoagulants. Un avis médical reste indispensable en cas de traitement.
L’urgence de réduire la pollution plastique
Si les découvertes sur les anthocyanes offrent une lueur d’espoir, les scientifiques rappellent que la solution prioritaire reste la réduction à la source. « Aucun antioxydant ne compensera l’explosion des nanoplastiques dans l’environnement », insiste un toxicologue cité dans l’étude. Les microfibres synthétiques (60 % des microplastiques) et les emballages alimentaires demeurent les principales cibles à réguler.