Le cancer colorectal augmente chez les jeunes, et une toxine bactérienne en serait responsable

Le cancer colorectal est en augmentation chez les jeunes adultes. Des chercheurs ont identifié la colibactine, une toxine produite par certaines souches d'E. coli, comme cause probable. Dès l'enfance, cette toxine altère l'ADN, préparant le terrain pour un cancer précoce.

4 minutes de lecture
4 minutes de lecture
© Photo : Brgrx (Freepik)

Le cancer colorectal touche un nombre croissant de jeunes adultes, un phénomène qui inquiète les chercheurs du monde entier. Entre 2000 et 2020, l’incidence de cette maladie a augmenté de près de 1,5 % chez les moins de 40 ans en France, selon l’Institut national du cancer.

- Publicité -

Une équipe de chercheurs américains de l’université de Californie à San Diego vient de publier une découverte potentiellement majeure dans la revue Nature. Ils affirment avoir « identifié un coupable potentiel à l’origine de l’augmentation alarmante des cancers colorectaux précoces ». Le responsable serait la colibactine, une toxine produite par certaines souches d’Escherichia coli naturellement présentes dans notre intestin.

Cette toxine altère l’ADN des cellules du côlon. Les scientifiques ont analysé des échantillons provenant de patients de différents pays et ont fait une observation frappante : les modifications génétiques liées à la colibactine étaient « 3,3 fois plus fréquentes » dans les cancers diagnostiqués chez les jeunes adultes que chez les personnes de plus de 70 ans.

- Publicité -

Une menace qui s’installe dès l’enfance

La particularité de cette toxine est qu’elle agirait très tôt dans la vie. « Les bactéries productrices de colibactine peuvent coloniser silencieusement le côlon des enfants, initier des changements dans leur ADN et potentiellement préparer le terrain pour un cancer colorectal bien avant que des symptômes ne se manifestent », expliquent les chercheurs.

Si ces mutations surviennent avant l’âge de 10 ans, elles pourraient considérablement accélérer l’apparition de la maladie. Un patient pourrait ainsi développer la maladie à 40 ans au lieu de 60 ans.

- Publicité -

« Cette découverte modifie notre compréhension du cancer. Il ne s’agit peut-être pas seulement de ce qui se passe à l’âge adulte : le cancer pourrait être influencé par des événements survenus au début de la vie, peut-être même au cours des premières années », souligne Ludmil Alexandrov, professeur et l’un des auteurs de l’étude.

Un problème de santé publique grandissant

L’augmentation des cas de cancer colorectal chez les jeunes adultes est si préoccupante que, selon les chercheurs, « si la tendance actuelle se poursuit, le cancer colorectal devrait devenir la principale cause de décès par cancer chez les jeunes adultes d’ici 2030 ».

- Publicité -

Cette hausse a été constatée dans au moins 27 pays. L’incidence chez les moins de 50 ans a pratiquement doublé chaque décennie au cours des 20 dernières années.

Des pistes pour la prévention et le dépistage

Cette découverte ouvre de nouvelles perspectives pour lutter contre cette maladie. Des recherches sont déjà en cours pour développer des tests de détection des mutations liées à la colibactine dans les échantillons de selles, ce qui pourrait faciliter le dépistage précoce.

- Publicité -

D’autres travaux tentent de déterminer si des probiotiques pourraient aider à éliminer les souches bactériennes nocives du microbiote intestinal.

Plusieurs questions restent néanmoins sans réponse : « Comment les enfants sont-ils exposés aux bactéries productrices de colibactine et que peut-on faire pour prévenir ou atténuer cette exposition ? Certains environnements, régimes alimentaires ou modes de vie sont-ils plus propices à la production de colibactine ? »

Si la colibactine semble être un facteur important, d’autres pistes sont encore explorées pour expliquer cette épidémie, notamment l’augmentation de l’obésité, la sédentarité, les changements environnementaux, l’alimentation et l’usage d’antibiotiques.

Les chercheurs précisent que, malgré la solidité de leurs résultats, des études supplémentaires sont nécessaires pour confirmer définitivement le lien entre la colibactine et le risque accru de cancer colorectal précoce.

- Publicité -
Partager cet article
Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *