Un nouveau traitement ralentit les symptômes de la maladie d’Alzheimer

Un traitement expérimental éliminant l'amyloïde cérébrale réduit de moitié le risque d'apparition des symptômes d'Alzheimer chez les personnes génétiquement prédisposées, tandis que les activités cognitives stimulantes retardent également la maladie.

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© Photo : sudok1 (Depositphotos)

Un traitement expérimental semble retarder l’apparition des symptômes de la maladie d’Alzheimer chez certaines personnes génétiquement prédisposées à développer cette affection neurologique dès l’âge de 40 ou 50 ans, selon de nouvelles découvertes scientifiques. Cette avancée majeure dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer offre un espoir considérable pour les millions de personnes touchées par cette maladie neurodégénérative.

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Une première scientifique prometteuse

Les résultats préliminaires publiés dans la revue Lancet Neurology représentent une première scientifique. L’étude, menée par l’Université Washington à Saint-Louis, implique des familles qui transmettent de rares mutations génétiques garantissant presque certainement le développement de symptômes au même âge que leurs proches affectés.

Les nouvelles découvertes concernent un sous-groupe de 22 participants qui ont reçu des médicaments éliminant l’amyloïde pendant la plus longue période, en moyenne huit ans. L’élimination à long terme de l’amyloïde a réduit de moitié leur risque d’apparition des symptômes. Malgré la petite taille de l’étude, ces résultats sont « incroyablement importants », selon David Gate, neuroscientifique à l’Université Northwestern, qui n’a pas participé à la recherche.

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Jake Heinrichs, 50 ans, participant à cette étude depuis plus d’une décennie, témoigne : « C’est toujours une étude, mais elle m’a donné une prolongation de vie sur laquelle je ne comptais pas ». Porteur d’un gène causant la maladie d’Alzheimer qui a tué son père et son frère environ au même âge, il reste sans symptômes grâce au traitement.

Un nouveau traitement ralentit les symptômes de la maladie d'Alzheimer
© Photo : AndrewLozovyi (Depositphotos)

Le rôle crucial de l’amyloïde dans la maladie

La maladie d’Alzheimer affecte près de 7 millions d’Américains, principalement en fin de vie. Les scientifiques savent que des changements silencieux se produisent dans le cerveau au moins deux décennies avant l’apparition des premiers symptômes, et que l’amyloïde, une substance collante, est un contributeur majeur.

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Deux médicaments vendus aux États-Unis peuvent ralentir modérément l’aggravation de la maladie d’Alzheimer à un stade précoce en éliminant cette substance du cerveau. Mais jusqu’à présent, il n’y avait pas d’indices suggérant que l’élimination de l’amyloïde beaucoup plus tôt – plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes – pourrait reporter la maladie.

L’accumulation d’amyloïde semble déclencher à un certain moment une protéine nommée tau qui commence à tuer les neurones, ce qui entraîne un déclin cognitif. Des médicaments combattant la tau sont actuellement testés, et les chercheurs étudient également d’autres facteurs, notamment l’inflammation, les cellules immunitaires du cerveau et certains virus.

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L’importance des activités cognitives stimulantes

Parallèlement aux avancées médicamenteuses, des études antérieures ont établi un lien entre les activités cognitivement stimulantes, comme la lecture, et un risque plus faible de déclin cognitif. Ces activités pourraient retarder l’apparition des symptômes cognitifs liés à la maladie d’Alzheimer en renforçant la réserve cognitive – une réserve de capacités de réflexion qui diffère selon les individus et se développe tout au long de la vie.

Une étude récente menée par le Rush University Medical Center à Chicago a examiné la relation entre les niveaux d’activité cognitive et l’âge d’apparition de la maladie d’Alzheimer. Les résultats sont frappants : les personnes présentant les niveaux les plus élevés d’activité cognitive à un âge avancé ont développé la maladie d’Alzheimer à un âge moyen de 93,6 ans, tandis que celles ayant les niveaux les plus bas l’ont développée à 88,6 ans.

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« L’étude suggère qu’un mode de vie cognitivement actif peut repousser les symptômes cognitifs de la maladie d’Alzheimer et des troubles connexes de plusieurs années, réduisant ainsi considérablement la part de la durée de vie passée dans un état de handicap cognitif », explique le Dr Robert Wilson, auteur principal de l’étude.

Mécanismes et perspectives futures

Les mécanismes exacts derrière le lien entre l’activité cognitive et la maladie d’Alzheimer restent incertains. Une explication probable est que les activités cognitivement stimulantes entraînent des changements dans la structure et la fonction du cerveau qui renforcent la réserve cognitive.

« On pourrait dire que l’activité cognitive tout au long de la vie retarde les symptômes mais n’arrête pas la maladie sous-jacente. En d’autres termes, l’activité vous donne une “réserve” qui vous rend “résistant” à la présence de la pathologie d’Alzheimer dans le cerveau, vous permettant de fonctionner mieux plus longtemps », explique James Rowe, professeur de neurologie cognitive à l’Université de Cambridge.

Les scientifiques concluent qu’un mode de vie cognitivement actif à un âge avancé pourrait retarder l’apparition de la maladie d’Alzheimer de 5 ans. Claire Sexton, directrice des programmes scientifiques et de sensibilisation à l’Association Alzheimer, souligne : « Des preuves croissantes suggèrent que l’engagement cognitif pourrait être un facteur de risque modifiable pour la démence, et cette étude ajoute à la littérature en indiquant que garder le cerveau actif avec des activités stimulantes peut retarder l’âge auquel la démence se développe ».

L’avenir de la recherche sur la maladie d’Alzheimer

La recherche continue d’explorer diverses pistes pour combattre cette maladie dévastatrice. Les participants à l’étude initiale ont maintenant été transférés vers le Leqembi, un traitement intraveineux approuvé aux États-Unis, pour tenter de répondre à la question évidente suivante : « Ce que nous voulons déterminer au cours des cinq prochaines années, c’est la force de la protection », déclare le Dr Randall Bateman de l’Université Washington. « Développeront-ils un jour les symptômes de la maladie d’Alzheimer si nous continuons à les traiter ? »

Ces avancées scientifiques offrent un espoir considérable aux millions de personnes dans le monde touchées par la maladie d’Alzheimer. Bien que nous soyons encore loin d’un remède définitif, la combinaison de traitements médicamenteux ciblant l’amyloïde et d’un mode de vie cognitivement actif pourrait permettre de retarder significativement l’apparition des symptômes, améliorant ainsi la qualité de vie des patients et de leurs proches.

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