L’essentiel :
– 21 éjaculations mensuelles ou plus réduisent le risque de cancer prostatique de 20 à 31% selon l’étude Harvard.
– L’éjaculation régulière favoriserait l’élimination des toxines prostatiques et le renouvellement cellulaire.
– Les bénéfices augmentent avec la fréquence, dès 8 à 12 éjaculations mensuelles.
– Cette protection doit s’intégrer dans une stratégie globale incluant alimentation équilibrée et suivi médical régulier.
Une activité sexuelle soutenue pourrait ainsi constituer un bouclier naturel contre le cancer de la prostate qui touche un homme sur huit au cours de sa vie. Cette découverte, issue d’une vaste étude américaine, bouleverse notre compréhension des facteurs de prévention de cette maladie qui touche un homme sur huit au cours de sa vie. Les chercheurs de Harvard ont établi qu’éjaculer 21 fois par mois permettrait de réduire significativement le risque de développer un cancer de la prostate.
Le cancer de la prostate est aujourd’hui la première cause de cancer chez les hommes français. Avec 71 000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année et près de 8 870 décès, cette pathologie constitue un enjeu majeur de santé publique. Face à ces chiffres alarmants, la recherche scientifique explore diverses pistes pour identifier les facteurs de protection naturels.
Une étude révolutionnaire menée sur 18 ans
L’université Harvard a conduit une étude d’envergure exceptionnelle, suivant 31 925 hommes pendant 18 années consécutives. Cette étude prospective, publiée dans la prestigieuse revue European Urology, a analysé les habitudes sexuelles des participants à travers trois périodes distinctes de leur existence : entre 20 et 29 ans, entre 40 et 49 ans, puis l’année précédant leur participation à l’étude.
Les participants devaient répondre à un questionnaire détaillé sur leur fréquence mensuelle d’éjaculation, qu’elle soit liée à des rapports sexuels ou à la masturbation. Les chercheurs ont ensuite croisé ces données avec le nombre de diagnostics de cancer de la prostate établis chez 3 839 participants au cours du suivi.
Les résultats se révèlent particulièrement probants. « Les hommes qui éjaculaient le plus (au moins 21 fois par mois) présentaient un risque de cancer de la prostate 20 % plus faible que ceux qui éjaculaient 4 à 7 fois par mois », précise l’étude. Cette protection s’avère progressive : une fréquence de 8 à 12 éjaculations mensuelles réduit déjà le risque de 10 %, tandis qu’un rythme de 13 à 20 fois par mois l’abaisse de 20 %.

Les mécanismes de protection révélés
Les scientifiques proposent plusieurs hypothèses pour expliquer cette corrélation surprenante. La première théorie suggère que l’éjaculation fréquente permettrait d’évacuer des substances toxiques présentes dans la prostate et susceptibles de provoquer un cancer. Cette vidange régulière empêcherait l’accumulation de composés potentiellement dangereux dans les tissus prostatiques.
La seconde explication met l’accent sur le renouvellement cellulaire. L’activité sexuelle régulière « favoriserait le renouvellement cellulaire en éliminant les cellules vieillissantes, qui sont plus exposées aux processus cancéreux ». Ce mécanisme permettrait ainsi de maintenir une population cellulaire jeune et saine au niveau de la prostate.
Les chercheurs évoquent également l’impact positif sur l’inflammation chronique, facteur reconnu dans le développement du cancer prostatique. L’éjaculation régulière pourrait contribuer à réduire les processus inflammatoires locaux, créant ainsi un environnement moins propice à la transformation maligne des cellules.
Ces bénéfices varient toutefois selon l’âge
L’étude révèle que les effets protecteurs varient en fonction des tranches d’âge étudiées. « Chez les hommes âgés de 40 à 49 ans, une fréquence d’éjaculation mensuelle de 21 fois (ou plus) par mois est associée à une diminution de 22 % du risque de développer un cancer de la prostate, en comparaison à ceux dont la fréquence d’éjaculation mensuelle est de 4 à 7 fois par mois. »
Cette protection semble particulièrement marquée pour les cancers de bas grade, suggérant que l’activité sexuelle régulière pourrait prévenir les formes moins agressives de la maladie. Cependant, les données concernant les cancers à haut risque sont moins concluantes et nécessitent des recherches complémentaires.
Les limites de l’étude à considérer
Malgré ces résultats encourageants, les auteurs appellent à la prudence dans leur interprétation. Le Dr Jennifer Rider, principal auteur de l’étude, souligne que « ces résultats ne doivent pas être interprétés à la hâte ». Le caractère observationnel de cette recherche ne permet pas d’établir un lien de causalité direct entre la fréquence d’éjaculation et la prévention du cancer.
D’autres facteurs de confusion pourraient influencer ces résultats, notamment les antécédents familiaux, l’hygiène de vie, l’alimentation ou l’activité physique. L’étude ne distingue pas non plus l’impact spécifique des rapports sexuels par rapport à la masturbation sur le cancer de la prostate.
Selon Anne Calvaresi, présidente du comité de santé prostatique de la Fondation de soins urologiques, « pour des raisons mal connues, éjaculer davantage pourrait réduire le risque de cancer de la prostate ». Cette formulation prudente reflète la nécessité d’approfondir les recherches pour comprendre les mécanismes précis à l’œuvre.
Une approche préventive complémentaire
Ces découvertes ne doivent pas occulter l’importance des autres facteurs de prévention déjà reconnus. Une alimentation équilibrée, riche en antioxydants et en oméga-3, une activité physique régulière et un suivi médical approprié demeurent essentiels pour préserver la santé de la prostate.
L’activité sexuelle régulière pourrait ainsi s’intégrer dans une stratégie de prévention globale, aux côtés des recommandations nutritionnelles et d’hygiène de vie déjà établies. Cette approche holistique offre aux hommes des outils concrets pour réduire leur risque de développer un cancer de la prostate.
Les implications de cette recherche dépassent le cadre purement médical. Elles questionnent également les tabous sociétaux entourant la sexualité masculine et pourraient encourager une discussion plus ouverte sur l’importance de la santé sexuelle dans la prévention des maladies.
Cette étude ouvre la voie à de nouvelles perspectives de recherche et pourrait influencer les futures recommandations de prévention du cancer de la prostate. Néanmoins, les hommes concernés doivent continuer à suivre un suivi médical régulier et adopter un mode de vie sain pour optimiser leur protection contre cette maladie.