Les États-Unis bannissent tous les colorants alimentaires synthétiques du marché

Les États-Unis prévoient d'interdire progressivement tous les colorants alimentaires synthétiques d'ici la fin de l'année 2026, ont annoncé Robert F. Kennedy Jr. et la FDA.

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© Photo : madvideos.gmail.com (Depositphotos)

Les États-Unis prennent ainsi une mesure radicale concernant les colorants alimentaires synthétiques. Le gouvernement de Donald Trump vient d’annoncer son intention d’interdire progressivement tous ces additifs d’ici la fin de l’année 2026, une décision qui fait l’objet d’un consensus politique rare dans un pays souvent divisé.

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Une décision majeure pour la santé publique américaine

Mardi 22 avril, lors d’une conférence de presse, le nouveau directeur de l’agence américaine de contrôle alimentaire et pharmaceutique (FDA), Marty Makary, a annoncé que l’agence « supprime de facto tous les colorants alimentaires dérivés du pétrole aux États-Unis ». Cette mesure concerne huit colorants alimentaires synthétiques, tous dérivés du pétrole, et accusés d’avoir des effets néfastes sur la santé.

« Au cours des cinquante dernières années, les enfants américains ont vécu de manière toujours plus importante dans une soupe toxique de produits chimiques artificiels », a déclaré Makary, citant des études ayant établi des liens entre ces additifs et plusieurs problèmes de santé comme l’hyperactivité, le diabète ou encore des cas de cancer.

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Cette initiative fait suite à l’interdiction, annoncée en janvier par l’administration Biden, du colorant artificiel « Red 3 » (E127 en Europe), un additif connu depuis plus de trente ans pour provoquer des cancers chez les animaux.

Robert F. Kennedy Jr. en croisade contre les additifs

Présent lors de l’annonce, Robert F. Kennedy Jr., ministre américain de la Santé, a considérablement durci le ton contre l’industrie agroalimentaire. Lors de cette conférence de presse très médiatisée, il a même déclaré que « le sucre est un poison ».

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« D’ici quatre ans, la plupart de ces produits auront été retirés du marché, ou vous en serez informés quand vous irez à l’épicerie », a affirmé Kennedy. Cette offensive contre les colorants alimentaires marque le début d’une vaste réforme de l’industrie agroalimentaire que Kennedy accuse depuis longtemps de créer et de commercialiser des aliments ultra-transformés contribuant à l’obésité et à diverses maladies.

« Confrontés à une nouvelle épidémie de diabète infantile, d’obésité, de dépression et de troubles de l’attention », a expliqué Makary, « nous ne devrions pas prendre de risques et faire tout notre possible pour protéger la santé de nos enfants ».

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Un plan progressif d’élimination

Concrètement, deux colorants (E121, utilisé pour rougir les oranges, et Orange B, utilisé pour colorer les saucisses à hot-dog) seront interdits dans les prochains mois. Six autres seront progressivement éliminés d’ici la fin 2026, notamment le FD&C Vert N° 3, Rouge N° 40, Jaune N° 5, Jaune N° 6, Bleu N° 1 et Bleu N° 2.

L’interdiction du E127 (Red 3), initialement prévue pour 2027-2028 par l’administration précédente, sera également accélérée. Ce colorant est notamment utilisé en France pour rendre les cerises plus attrayantes.

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Les produits concernés sont nombreux et populaires : bonbons, céréales, sauces, boissons, et bien d’autres aliments transformés qui utilisent ces additifs pour les rendre plus attrayants visuellement.

Un « accord » avec l’industrie alimentaire

Kennedy et son équipe affirment avoir obtenu un accord avec les principaux fabricants de produits alimentaires pour retirer ces colorants, bien qu’aucun représentant de l’industrie n’ait assisté à l’événement ni confirmé publiquement cet engagement.

L’Association internationale des produits laitiers s’est toutefois engagée à éliminer les colorants artificiels du lait, du fromage et des yaourts vendus dans le cadre des programmes fédéraux de restauration scolaire pour la rentrée de 2026.

Kennedy a d’ailleurs directement interpellé les grandes entreprises agroalimentaires comme Kraft Heinz, PepsiCo et Kellogg’s, leur demandant de supprimer ces colorants de leurs produits. W. K. Kellogg a récemment indiqué qu’il allait reformuler ses céréales servies dans les écoles pour ne plus inclure de colorants artificiels, et qu’il ne lancerait plus de nouveaux produits avec ces additifs à partir de l’année prochaine.

« Les enfants américains ne devraient pas manger d’aliments interdits en Europe. Il est temps que cela change », avait déclaré Kennedy lors d’une réunion privée en mars 2025.

Des critiques malgré un objectif louable

Si l’objectif d’améliorer la qualité nutritionnelle des aliments est largement soutenu, certains experts critiquent néanmoins l’approche adoptée par l’administration Trump. Des réductions significatives de personnel au sein d’agences telles que la FDA et les Instituts nationaux de la santé (NIH) pourraient compromettre ces efforts.

Plusieurs responsables ont d’ailleurs démissionné par frustration, dont Kevin Hall, éminent scientifique en nutrition au NIH, et Jim Jones, chef de la division alimentaire de la FDA. Ce dernier a déclaré que les licenciements « indiscriminés » rendaient son travail « inutile ».

« J’étais impatient de contribuer à la mission du département d’améliorer la santé des Américains en luttant contre les maladies chroniques liées à l’alimentation et les risques chimiques dans les aliments », a écrit Jones dans sa lettre de démission.

Une alternative naturelle encouragée

Pour remplacer ces colorants synthétiques, la FDA prévoit d’autoriser quatre nouveaux colorants naturels dans les semaines à venir et d’accélérer l’examen et l’approbation d’autres alternatives.

Marty Makary suggère que les fabricants alimentaires utilisent des ingrédients tels que le jus de pastèque, le jus de betterave ou le jus de carotte pour colorer leurs produits. Il a également affirmé que cette transition ne se traduirait pas par une augmentation des prix alimentaires.

Cette décision américaine pourrait avoir des répercussions sur les pratiques de l’industrie agroalimentaire dans d’autres pays, dont la France, où certains de ces additifs sont encore autorisés et largement utilisés.

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